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Le répertoire plurilingue de Gaspard Jodoc Stockalper, entrepreneur valaisan du XVIIe siècle

Lüdi, Georges. (2011) Le répertoire plurilingue de Gaspard Jodoc Stockalper, entrepreneur valaisan du XVIIe siècle. Vox Romanica, 70. pp. 191-218.

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Official URL: http://edoc.unibas.ch/dok/A6002500

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Abstract

Le 2 mai 1691, on enterra à Glis le notable de Brigue Gaspard Jodoc Stockalper surnommé, à la cour de Louis XIV, «le roi du Simplon». Il mourut à 82 ans après avoir occupé toutes les positions importantes au Valais et amassé une immense fortune que lui enviait même le Roi Soleil. Mais il avait aussi connu la disgrâce, échappé de justesse à une condamnation à mort et avait dû s’exiler pendant plusieurs années à Domodossola avant d’être autorisé à passer les dernières années de sa vie dans son pays natal. Toutefois, pour le linguiste, c’est une mention discrète dans le registre de paroisse de Glis qui est particulièrement intéressante. En effet, après avoir énuméré tous les titres honorifiques du défunt, le scribe remarque: obdormivit vir ob natura talenta, ingenii capacitate doctrinae omnis generis amplitudinem,linguarum facundiam, in rebus agendis prudentiam, in fidem denique chatolicam Romanamzelum insignem in omnem posteritatem laudandus (Furrer 2002: 551). On ne s’étonnera pas de voir le curé du village mentionner la foi et les capacités intellectuelles du défunt, mais on s’attendrait moins à trouver une référence à son plurilinguisme. Il est vrai que ce dernier était notoire de son vivant dans la littératuresur Stockalper et qu’il est aussi mentionné par le biographe contemporain Anton Pfaffen, selon lequel il aurait été «wollberedt und begaabet mit vilen underscheittlichen Sprachen» (Furrer 2002: 552). Pour une analyse détaillée du plurilinguisme de Stockalper, on se référera à Furrer 2002: 551-606, qui a notamment rassemblé tout ce que l’on sait sur sa biographielinguistique. Il descendait d’une famille résidant à Brigue depuis le XVIe siècle, au coeur d’une région caractérisée par un multilinguisme multiple. Le grand-père avait servi la France avec le grade de capitaine et avait été châtelain du dizain de Brigue et plus tard grand bailli du Valais; le père était notaire, possédait un titrede magister artium de l’Université de Bâle, et donc une formation classique, mais il mourut lorsque Gaspard était âgé de deux ans; la mère était briguoise. Son répertoire s’est sans doute développé à partir de l’alémanique briguois. L’allemand était en effet langue principale et du pouvoir du Haut-Valais, qui dominait politiquement la région; la frontière linguistique s’était lentement déplacée vers l’ouest depuis le début du IXe siècle jusqu’à devenir, au début du XVIe siècle, la langue dominante de l’église et de l’administration à Sion. La langue écrite, une forme régionale du haut-allemand moderne naissant, était apprise à l’école, qui enseignait aussi et surtout le latin. Stockalper apprit sans doute d’abord ses deux langues écrites principales à la «Pfarr- ou Stadtschule» de Brigue; à partir de 1621, il entra au collège des Jésuites de Venthône (qui déménagea à Brigue en 1625 avant d’être fermé en 1627 à la suite de l’expulsion des jésuites du Valais). On ne sait pas s’il suivit, pendant ces années, des cours de français ou même d’italien, mais c’est plutôt probable, du moins pour le français, au vu de l’importance de cette langue pour le pouvoir valaisan; manifestement, il intégrera tôt ou tard ces langues dans son répertoire.Après des études à l’Université de Freiburg im Breisgau (1627/29), Stockalper rentre à Brigue pour y exercer les fonctions de notaire et commence à gravir les des contacts importants avec des comptoirs internationaux – et de développer son plurilinguisme en interaction directe avec des interlocuteurs parlant un grand nombre de langues différentes; le succès du voyage par le Simplon de Marie de Bourbon-Condé, comtesse de Soissons et épouse de Thomas de Savoie, prince de Carignan, avec sa suite et plus de 150 chevaux, lui conféra la publicité indispensable. Les voyages ainsi que les contacts politiques et commerciaux avaient contribué à approfondir et stabiliser son répertoire linguistique. Ainsi, nous trouvons, dès le premier volume de ses Livres de commerce et de comptes – ils commencent «ab idibus marty anni salutatis nostrae 1634» – des passages en français et en italien à côté de l’allemand et du latin. Avec des exemples soigneusement choisis, Furrer a démontré que des brouillons de lettres et des documents de la main de Stockalper existent en allemand, latin, français et italien (Furrer 2002: 603s.). Le fait qu’iladapte la forme de son nom à la langue du document respectif représente un autre indice non seulement du plurilinguisme, mais aussi de l’identité plurielle de Stockalper.
Faculties and Departments:04 Faculty of Humanities and Social Sciences > Departement Sprach- und Literaturwissenschaften > Ehemalige Einheiten Sprach- und Literaturwissenschaften > Französische Linguistik (Lüdi)
UniBasel Contributors:Lüdi, Georges
Item Type:Article, refereed
Article Subtype:Research Article
Publisher:Francke
ISSN:0042-899X
Note:Publication type according to Uni Basel Research Database: Journal article
Last Modified:08 Nov 2012 16:22
Deposited On:08 Nov 2012 16:15

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