edoc

Le plurilinguisme comme source de créativité et d’innovation dans le monde du travail

Lüdi, Georges. (2010) Le plurilinguisme comme source de créativité et d’innovation dans le monde du travail. Vox Romanica, 69. pp. 1-24.

Full text not available from this repository.

Official URL: http://edoc.unibas.ch/dok/A6001854

Downloads: Statistics Overview

Abstract

Il est bien connu que la mondialisation et la mobilité de la main d'oeuvre a un impact croissant sur nos pratiques communicatives. De plus en plus souvent, des ingénieurs et des chercheurs, des médecins et des infirmières, des employés de cuisine et des femmes de ménage de langues et cultures différentes collaborent dans les mêmes équipes. Pour certains, l’absence d’une langue unique représente d’abord et surtout un obstacle à la communication qu’ils essaieront de pallier en choisissant de ne plus parler qu’une seule langue. Dans les grandes entreprises - et à l’unversité - c’est en général l’anglais, lingua franca des sciences et des affaires. C’est la recherche d’une corporate language. Mais il y beaucoup de voix contraires, qui insistent sur le fait que la prise en compte explicite de la diversité de la main d’oeuvre augmente non seulement la satisfaction, mais aussi la productivité et la qualité du travail des collaborateurs (p.ex. Cox 1991). Enfin, on a non seulement pu argumenter que le plurilinguisme individuel conférait un potentiel créatif supérieur (Skutnabb-Kangas 2002, Compendium 2009), mais aussi que la créativité avait une dimension sociale dans la mesure où la diversité cognitive au sein d’une équipe serait corrélable avec l’émergence de nouvelles connaissances (Maalouf 1998; Mitchell/Nicholas 2006, Furlong 2009). Il est vrai que le scepticisme concernant les avantages des personnes plurilingues est répandu et que les théories de gestion de la diversité, tout en relevant les avantages d’équipes mixtes, ont tendance à se focaliser sur les différences sexuelles, ethniques, d’âge, etc. et à négliger les différences linguistiques. On croit à la transparence fondamentale du langage et, donc, que la diversité des langues est un facteur négligeable dans l’émergence de nouvelles idées dans la communication interculturelle (p.ex. Holden 2002). Nous argumenterons au contraire avec une certaine opacité de chaque langue et plaiderons, par conséquent, pour la prise en compte du plurilinguisme et de la diversité linguistique comme dimensions pertinentes dans la construction, transmission et circulation de connaissances On peut faire l’hypothèse que le fait de penser parallèlement dans plusieurs langues, d’y poser des questions et d’y chercher des réponses, que le défi de trouver des moyens plurilingues pour négocier les solutions qui émergent, pour présenter des projets et des résultats de recherches, pour enseigner, etc., est superficiellement plus coûteux que l’unilinguisme. Mais des solutions unilingues, où une seule langue est imposée, n’engendrent-elles pas des coûts plus élevés à un autre niveau? Ne correspondent-elles pas à ce que Mulgan (2000) et Martin (2007) appellent 'un style de pensée conventionnel, réducteur', tandis que la complexité inhérente aux processus de communication plurilingues dans des équipes mixtes serait un indice d’un style de pensée holististique et intégratif et donc un gage de créativité? Dans ce sens, la séance enregistrée serait un exemple d’une atmosphère de travail favorable à la genèse de nouvelles idées parce que plusieurs langues y sont pratiquées. Il est vrai que la diversité peut aussi engendrer des malentendus, voire des conflits. C’est pourquoi une institution 'needs to be actively engaged in creating conditions that enable diversity to have a positive effet on a team’s success' (Kaiser-Nolden, 2008:45). Dans ce qui suit, nous allons présenter quelques réflexions à ce propos issues du module bâlois du projet européen DYLAN. Ce projet étudie différentes formes de gestion de la diversité linguistique en Europe. Notre équipe se concentre sur le monde du travail. Notre méthode est double: d’une part, nous avons enregistré des interactions verbales dans des contextes de travail pour observer minutieusement dans quelsformats de communication, unilingues et plurilingues, les acteurs mobilisent leurs répertoires linguistiques. D’autre part, nous avons recueilli des documents écrits et nous avons interviewé des acteurs à tous les niveaux de l’hiérarchie pour analyser leurs représentations à l’aide des méthodes de l’analyse discursive.
Faculties and Departments:04 Faculty of Humanities and Social Sciences > Departement Sprach- und Literaturwissenschaften > Ehemalige Einheiten Sprach- und Literaturwissenschaften > Französische Linguistik (Lüdi)
UniBasel Contributors:Lüdi, Georges
Item Type:Article, refereed
Article Subtype:Research Article
Publisher:Francke
ISSN:0042-899X
Note:Publication type according to Uni Basel Research Database: Journal article
Last Modified:08 Nov 2012 16:22
Deposited On:08 Nov 2012 16:10

Repository Staff Only: item control page