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Le langage écrit chez l'enfant bilingue : bilinguisme, bilittératie et production narrative

Egli Cuenat, Mirjam. Le langage écrit chez l'enfant bilingue : bilinguisme, bilittératie et production narrative. 2008, Doctoral Thesis, University of Basel, Faculty of Humanities and Social Sciences.

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Official URL: http://edoc.unibas.ch/diss/DissB_8228

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Abstract

La présente étude porte sur la double acquisition du langage écrit chez quarante enfants bilingues, germanophones et francophones, âgés de neuf à dix ans, vivant en Suisse romande et en Suisse alémanique. Scolarisés dans la langue territoriale, mais non dans la langue qu’ils parlent dans leur foyer parental, ils acquièrent le langage écrit de façon « sauvage », non guidée, dans leur langue familiale. Le maintien de la langue d’origine repose donc largement entre les mains des familles qui procurent des conditions plus ou moins favorables à son développement. Il s’agit là d’une problématique d’une actualité brûlante dans le contexte des mouvements migratoires propres à notre époque.
Bilinguisme et littératie sont considérés dans cette étude comme un ensemble de pratiques langagières, à la fois individuelles et socialement situées. Une approche holistique de la personne bilingue (et de son répertoire) dans son milieu sociétal a été choisie, celle-ci n’étant pas perçue comme l'addition de deux monolingues en une seule personne (Lüdi & Py 2002, Hamers & Blanc 2000). La littératie est conceptualisée à la fois comme une pratique sociale (Street 2000, Barton 1994, Heath 1982) et une révolution linguistique et cognitive (Olson 1994, Vygotsky 1934). Dans le cadre de cette enquête, une forme spécifique, caractéristique de la littératie conceptionnelle a été prise en considération: le discours monologal, auto-géré (Bronckart 1996), plus précisément le développement discursif dans une approche translinguistique à l'oral (Hickmann 2003, Berman & Slobin 1994) et à l’écrit (Schneuwly 1997, Feilke 2002) chez les enfants bilingues (Verhoeven 2004).
Les enfants bilingues ont été interviewés dans une situation contrôlée. Leur tâche consistait à raconter oralement et par écrit une histoire d’après deux jeux d’images dont l’un est la Frog-Story – utilisée par de nombreux chercheurs en acquisition – et l’autre la Cat-Story, structurellement similaire et spécialement conçue pour les besoins de cette recherche. Les récits écrits (en allemand et en français) et oraux (en allemand, en français et en dialecte) (n=192) ont été analysés par rapport à une série de paramètres discursifs jouant un rôle important dans l’acquisition de la capacité à produire des textes: l’introduction des référents, le maintien de la référence et la connexion par organisateurs textuels. Les données langagières ont été mises en rapport avec des facteurs contextuels rassemblant, d’une part, des informations sur l’environnement linguistique et socioculturel, d’autre part, des renseignements provenant directement des parents et des enfants sur l’usage des langues et des médias en famille, renseignements recueillis au moyen de questionnaires et d’interviews individuels semi-directifs.
Les résultats de l’analyse des capacités de production textuelle ont révélé, de manière surprenante, que les enfants étaient capables de produire des récits écrits en langue d’origine, certes peu conformes aux normes de l'orthographe mais souvent dotés d’une cohésion et d’une organisation textuelle presque aussi élaborée qu’en langue d’accueil, ce qui est interprétable comme une trace du principe d'interdépendance (Cummins 2000). Les résultats de l’enquête par questionnaire soulignent l’importance des pratiques familiales présidant à l’émergence de ces apprentissages, notamment à travers des interactions autour de la lecture de livres ou de la narration d’histoires.
Par ailleurs, les analyses ont fait état de quelques différences saillantes entre les deux groupes d’enfants évoluant dans deux macro-contextes sociétaux différents. Les bilingues en Suisse romande se sont en général avérés dominants en langue scolaire : leurs textes français étaient plus longs, ils ont introduit plus de personnages secondaires dans les récits, ils ont déployé des stratégies anaphoriques plus complexes et leur choix d’organisateurs textuels était plus varié. Ce décalage est très net entre l’écrit allemand et l’écrit français et un peu moins fort entre le français oral et le dialecte, l’allemand oral étant également plus faible.
En revanche, les bilingues en Suisse alémanique ont fait preuve à plusieurs égards de performances équilibrées en langue familiale et en langue scolaire, non seulement à l’oral, mais également à l’écrit. Ils ont notamment produit des textes d’une longueur égale en langue scolaire et en langue familiale, ils ont introduit autant de personnages secondaires et ils ont utilisé des organisateurs textuels d’une diversité égale dans les deux langues.
Face aux potentiels dégagés par l’analyse des récits des bilingues, le décalage entre ce que la plupart des familles conçoivent des conditions d’apprentissage de la littératie familiale et ce que ces enfants sont capables de faire est patent. Dans un cadre mieux adapté aux besoins de ces enfants, il serait évidemment profitable de prendre en charge, au sein d’un curriculum visant au maintien des différentes langues, l’ensemble des variétés dont ils disposent.
Advisors:Lüdi, Georges
Committee Members:Hickmann, Maya
Faculties and Departments:04 Faculty of Humanities and Social Sciences > Departement Sprach- und Literaturwissenschaften > Ehemalige Einheiten Sprach- und Literaturwissenschaften > Französische Linguistik (Lüdi)
UniBasel Contributors:Lüdi, Georges
Item Type:Thesis
Thesis Subtype:Doctoral Thesis
Thesis no:8228
Thesis status:Complete
Number of Pages:416 S.
Language:French
Identification Number:
edoc DOI:
Last Modified:22 Apr 2018 04:31
Deposited On:04 Sep 2014 10:26

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